La Boulangère
La Boulangère tout de blanc habillée
A longuement pétri la fleur blanche de blé.
Elle l’a longuement choyé comme on choie un enfant,
Elle l’a longuement modelé pour que soit beau
Le pain qui en sortira et bon ce pain.
Elle l’a mis au four et la pâte a levé
Et la Boulangère a distribué le pain bon
À ses enfants autour de la table.
La Boulangère Marie a longuement choyé
Son tout-petit Enfant-Jésus pour qu’il fût beau.
Elle l’a modelé pour qu’il fût beau,
Le plus beau de tous les hommes
Elle l’a mis au four pour trois ans
Parmi les hommes afin qu’il fût prêt et bon
À être distribué chez les hommes, parmi les hommes
Du haut du Calvaire, du haut de sa Croix.
Et depuis, les hommes mangent ce pain bon
À eux distribué par la Boulangère Marie.
Les hommes se rassasient depuis de ce pain
Sorti du sein de la Vierge Marie,
De ce pain bon à eux distribué,
Pétri exprès pour eux, rien que pour eux :
Par la Boulangère Marie.
Benoît HOULE.
Recueilli dans Fantaisies,
Union des jeunes écrivains,
Éditions nocturne, 1958.