La mort de Cécile

 

 

Elle mourut ; que de larmes amères !

Elle mourut au soleil du matin,

En respirant la rosée et le thym.

Son âme au ciel emporta nos chimères.

 

Le lendemain ses compagnes en deuil

Portaient son corps de neige au cimetière ;

Moi, j’étais seul, sans larme et sans prière,

Dans le moulin comme au fond d’un cercueil.

 

Je te saisis, violon triste et tendre,

Et le doux air que Cécile aimait tant,

Je le jouai, le cœur tout palpitant :

Son âme sainte a passé pour l’entendre.

 

Je le jouai, mais au dernier accent

Mon cœur bondit comme un daim qui se blesse,

Je me perdis si loin dans ma tristesse ;

Que je brisai mon violon gémissant.

 

Perle d’amour à ce monde ravie,

Au sein des mers je t’ai cherchée en vain,

Et je n’ai plus de mon bonheur divin

Qu’un souvenir : c’est la fleur de ma vie.

 

 

 

Arsène HOUSSAYE.

 

Recueilli dans Souvenirs poétiques

de l’école romantique, 1879.

 

 

 

 

 

 

 

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