Appel aux poètes
Poète, il te faudrait, pour laisser ton empreinte
Dans ce monde où tout meurt, – il te faudrait chanter
Le cantique du ciel qu’on ne puisse écouter
Sans que l’âme en éprouve une émotion sainte.
Poète, il te faudrait laisser pleurer sans crainte
Ton cœur que l’amour seul a pu faire éclater ;
Et toutes nos douleurs, tu devrais les porter,
Les attirer à toi dans une ferme étreinte.
Alors tu l’écrirais, le poème immortel
Où l’on pourrait te voir immolé sur l’autel
De la charité vraie unie à la prière !
Alors tu laisserais une trace ici-bas !
Et les rudes lutteurs, meurtris par les combats,
Lisant tes vers émus, t’appelleraient leur frère !
Édouard HUGUENIN.
Paru dans L’Année des poètes en 1891.