Premier envol
Allongé sur mon transat, à l’ombre d’un tilleul, j’ai senti soudain mes oreilles devenir inutiles. Un très léger bourdonnement, semblable à celui que l’on ressent en nageant sous l’eau, m’instruit que je suis fermé aux mouvements extérieurs.
Plongé en moi-même, j’ai ainsi franchi le rideau sensoriel, et c’est accompagné de ma muse que j’ai pris le chemin de l’imagination.
Traversant des régions inexplorées qui n’en sont pas moins intimes, – En effet j’y reconnais des paysages de toujours –, je suis ailleurs et je suis en moi.
Folâtrant de concert avec mon guide, j’ai croisé une petite idée blonde, qui m’a gentiment fait signe et a partagé son trésor.
Je l’ai remerciée, puis ai repris ma route, découvrant, de-ci de-là, des choses merveilleuses.
L’envie de m’arrêter au beau milieu de ces effluves spirituelles, ne dura qu’un instant furtif. Une odeur plus subtile m’attirait là-bas, au point de rencontre prévu par la Providence.
Roger HUYS.
Recueilli dans Louis Lippens,
Anthologie de poésie contemporaine 1962,
Éditions du CELF, 1962.