Jeunesse lacustre
Sans roi sans droits non sans liesses
ma jeunesse qui s’efforce
de diminuer l’écorce
qui me sépare de toi
ma jeunesse qui s’impose
de ne trahir pas tes secrets
et tes triomphes moroses
et tes espoirs sans regrets
Que tes douleurs m’importunent
mais les joies du Paradis
à tes rires atterrissent
on les paie de sa fortune
je n’en eus pas un radis
Que devons-nous à ce Grand Capitaine
qui vers le ciel mène son régiment
c’est lui qui posa ce galon de laine
de caporal sur mon humble dolman
Goethe en tricorne
Frédéric roi de Prusse
saltimbanque à qui l’or ne
manque poètes russes
la terre se doit à l’Inventeur des cieux
le ciel se doit à l’Inventeur des terres
à l’Esprit-Saint se doit aussi la chair
et notre esprit dont le Sien est l’essieu
Mais toi conduit par les trous de misère
au peu d’esprit qui t’était nécessaire
instruit des lois par celles du trottoir
regarde en haut Ce Guide et remercie
d’avoir connu l’Espagne et l’Italie
Max JACOB.
Paru en 1926 dans Le Roseau d'or.