Mon humble ami, mon chien fidèle

 

 

Mon humble ami, mon chien fidèle, tu es mort

de cette mort que tu fuyais comme une guêpe

lorsque tu te cachais sous la table. Ta tête

s’est dirigée vers moi à l’heure brève et morne.

 

Ô compagnon banal de l’homme : être béni !

toi que nourrit la faim que ton maître partage,

toi qui accompagnas dans leur pèlerinage

l’archange Raphaël et le jeune Tobie...

 

Ô serviteur : que tu me sois d’un grand exemple,

ô toi qui m’as aimé ainsi qu’un saint son Dieu !

Le mystère de ton obscure intelligence

vit dans un paradis innocent et joyeux.

 

Ah ! faites, mon Dieu, si vous me donnez la grâce

de vous voir face à Face aux jours d’Éternité,

faites qu’un pauvre chien contemple face à face

celui qui fut son dieu parmi l’humanité.

 

 

Francis JAMMES,

Clairières dans le ciel.

 

Paru dans Toutes les lyres,

anthologie critique des poètes

contemporains, 1911.

 

 

 

 

 

 

 

 

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