Oh ! mon Dieu ! que ta sainte est jolie...

 

À PASCAL, qui venait de m’offrir sa jolie gravure de sainte Marie-Égyptienne.

 

 

Oh ! mon Dieu ! que ta sainte est jolie, Pascal ! Dans la grotte où elle est placée toute nue, son corps brille comme un miroir : vous croyez qu’elle vit, qu’elle se remue ; vous êtes trompé, fasciné ; et jusqu’à ses petits pieds, vous iriez la couvrir d’un manteau de baisers !

 

Mais quand vous la voyez gémir sur ses fautes ; quand vous la voyez en prières, déchirant aux ronces du chemin sa peau délicate et satinée ; quand vous voyez les larmes du repentir tomber en perles brillantes sur ses jolies joues ; oh ! alors, quelque chose de saint et de sacré calme et apaise le feu qui vous dévore. Vous la plaignez de cœur ; vous êtes honteux d’avoir voulu ajouter des peines à ses peines ; vous aimez ce lion terrible qu’elle a su rendre compatissant ; vous aimez jusqu’à ce livre bruni, dans lequel elle lira, sans doute, le pardon de son Dieu ; et vous sentez votre âme se serrer de douleur, en voyant que le roc sur lequel elle est restée à genoux, n’est pas devenu moelleux à la vue de tant de larmes et de gémissements ! !

 

 

JASMIN.

 

Recueilli dans Le troubadour moderne ou

Poésies populaires de nos provinces méridionales,

traduites en français par M. Cabrié, 1844.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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