À l’heure où...
À Madame MARTINEAU.
Pas de gloire ni de poésie sans la femme.
À l’heure où, tenant la plume entre vos jolis petits doigts effilés, vous laissiez tomber pour moi, de votre âme, ces mots si jolis et si doux ; oh ! que j’aurais été heureux, si, caché près de là, j’avais pu vous voir, belle dame, à la clarté de votre bougie, qui brillait comme la fraîche poésie qui s’échappait de votre cœur !
Je le sais, elle s’en échappe naturellement et sans secousse, en images fleuries et gracieuses, comme on voit le rayon s’échapper du soleil, l’encens de la prairie ; l’eau de la fontaine : mais pour mon triomphe, j’aurais voulu le voir ; car, la femme que nous attendrissons par nos paroles, seule me fait croire à la gloire !
Oh ! la femme, la femme est pour moi la grande œuvre de Dieu. C’est la poésie vivante ! Quand je fais couler ses larmes, tous les anges du ciel me sourient. Et vous, vous avez pleuré ! votre papier me le dit ; belle dame ces mots suffisent : ce que les femmes disent est si bien dit ! Ah ! si la poésie tient quelque part son foyer sur la terre, l’homme n’en est que la flamme, la femme seule est le brasier ! ! !
JASMIN.
Recueilli dans Le troubadour moderne ou
Poésies populaires de nos provinces méridionales,
traduites en français par M. Cabrié, 1844.