Jeanne d’Arc
Mon nom est Jeanne, et j’ai seize ans !
Des moutons, je suis la bergère...
Au bord de la Meuse, légère,
Je m’en vais dans le gai printemps !
Mon amie est blonde : Hauviette
Vient me quérir à la maison !
Et nous partons faire oraison ;
Après, nous faisons la causette !
Un soir que j’étais au jardin,
Des voix m’ont dit : « Sauve la France,
Fillette au visage d’enfance,
Crois-nous, car c’est là ton destin ! »
J’ai dû revêtir une armure ;
Et, chevauchant sus à l’anglais
Je l’ai chassé à tout jamais !
Ce fut une belle aventure...
J’aime mes hardis frères d’arme,
Chevaliers, francs compagnons !
Joyeux drilles, et pas grognons...
De les quitter, j’ai grande alarme !
Les gens m’acclament : c’est un leurre !
Charles VII est devenu Roi !
Et j’en ai le cœur en émoi,
Car, bientôt, sonnera mon heure...
La France par moi délivrée,
Je fus condamnée au bûcher !
Des méchants me voulaient juger,
Mais les flammes m’ont libérée...
À mon Dieu, pour l’éternité,
J’ai offert ma belle jeunesse !
Filles et garçons en liesse
Me chanteront avec fierté...
Geneviève JEAN, Les œillets du poète,
Aurillac, 1977.