L’enfant et l’oiseau
Petit oiseau, je t’écoute,
Ils sont jolis, tes refrains !
Viens te poser sur ma route.
Quoi ! je t’aime... et tu me crains !
Mais vois ! je n’ai point de cage...
Joyeux, je te donnerais
Un baiser sur ton plumage
Et puis... tu t’envolerais !
Viens donc pour que je sourie.
Le pauvre n’a d’autre jeu
Que les fleurs de la prairie
Et les oiseaux du bon Dieu.
Ne veux-tu pas qu’on t’embrasse ?
Moi, je me sens si joyeux
Lorsqu’une dame qui passe
Met ses doigts sur mes cheveux !
Ô mauvais cœurs qui sont cause,
Tant leurs desseins sont méchants !
Qu’aucun oiseau ne se pose
Auprès des petits enfants !
Un quart d’heure, un instant même,
Si dans ma main je t’avais,
Tu sentirais que je t’aime,
Et demain tu reviendrais.
S’élancer dans la lumière,
Au champ cueillir son repas,
Vivre sans toucher la terre,
Oh ! quel bonheur n’est-ce pas ?
Pour moi, si j’avais une aile,
Je saurais bien où voler.
Ma mère est aux cieux... près d’elle
Je voudrais tant m’en aller !
Tu gazouilles dès l’aurore.
Tu ne pleures jamais, toi !
Si ta mère vit encore,
Tu n’as pas besoin de moi.
Ah ! que je vais, petit frère,
Adorer d’un cœur pieux
Le Seigneur qui sait te faire
Si leste et si gracieux.
Mais sans m’entendre, il me quitte,
Et s’en va bien loin d’ici ;
Ô mon Dieu, que j’irais vite
À qui m’aimerait ainsi !
Marie JENNA.
Recueilli dans Lecture à haute voix,
par M. V. Delahaye, Beauchemin, 1896.