La mansarde
Pour moi, cherchez une demeure
Si vous m’aimez, choisissez bien.
Et que j’y vive et que j’y meure
Sans que le monde en sache rien.
Il n’y faut pas beaucoup de place ;
Il y faut moins de luxe encor :
Une table, un lit, peu d’espace,
Et la muraille sans décor.
Des vieux meubles je n’aurai honte
Ni de la porte aux gonds rouillés ;
Qu’elle soit pauvre, et qu’on y monte
Par cent marches, si vous voulez.
Peu m’importe, je vous le jure !
Mais qu’au lointain je puisse voir
Un petit coin de la nature
Qui me parle matin et soir :
Le flanc brumeux d’une montagne ;
Une lande inculte, un sillon ;
Rien qu’une ligne où la campagne
Touche le ciel à l’horizon ;
Un bois perdu dans le mystère,
Un peu d’herbe... assez seulement
Pour que le rêve et la prière
Vers les cieux montent librement.
Marie JENNA,
Élévations poétiques et religieuses,
1880.