Au coin du feu
Assise au coin du feu, je vois les reflets d’or
Du grand bouquet changeant qu’offre à mes yeux la flamme
Ou du riche tissu dont se brode la trame
Et dont le fil léger se déroule et se tord !...
Mon cœur vibrant et las, se calme sans effort ;
Je goûte le silence apaisant qu’il réclame,
Une exquise chaleur enveloppe mon âme,
Je suis seule et dans la maison close tout dort !
Suivant, capricieux, le jeu des étincelles,
Mon rêve se dissout en infimes parcelles !
Le feu en crépitant murmure sa chanson !...
La lourde bûche croule et de braise s’irise,
Brusquement tout s’éteint, seul, un dernier charbon
Comme une étoile au ciel, brille en la cendre grise.
J. JOANNARD.
Paru dans Les Causeries en 1927.