Le dernier jardin

 

 

Notre dernier jardin sera le Cimetière

Et des fleurs seront là, fidèles, se penchant

À l’aube et jusqu’au soir à l’heure où le couchant

S’effeuille sur le marbre ainsi qu’une prière.

 

Il ne restera rien de ce dont l’âme est fière,

Ni des chagrins passés ! Qu’il paraîtra touchant

Le moindre souvenir ! à tout nous arrachant, –

La mort aura brisé notre étreinte dernière.

 

Nous serons toujours seuls ! Le parfum d’une rose,

Le chant clair d’un oiseau qui passe et qui se pose

Sur la grille enfermant le jardin délaissé...

 

C’est tout ! Ou bien parfois, pas légers sur le sable,

Une ombre s’inclinant, un cher regard baissé,

Un peu d’amour encor. Ô douceur ineffable !

 

 

 

J. JOANNARD.

 

Paru dans Les Causeries en 1927.

 

 

 

 

 

 

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