Ô mère intacte et jeune...
Ô mère intacte et jeune et forte de la guerre
Et qui as vu couler le sang nu de ton fils
Sur le nuage noir légère comme éther
Par les cinq grandes plaies éperdues de supplice,
À nos yeux, aveuglés par l’infirme pensée,
Irradiante plus légère que l’éther
Chère colombe oh tu te découvres armée
Décret victorieux suspendant une guerre.
– Il est vrai que je suis la mère toujours vierge
De la guerre et je suis la femme de l’agneau
Je suis la vierge noire et j’éclaire la terre
Je suis le seuil resplendissant des morts vénaux
Je les aime et je leur souris quand tout sourire
Est prisonnier du temps d’escargots et de buis
Et le premier pour qui ma bouche a voulu luire
Connaît sa chance entre les mystères de l’huis.
Pierre-Jean JOUVE.
Recueilli dans Notre-Dame des poètes,
anthologie réunie et présentée par Joseph Barbier
(Robert Morel éditeur, 1966).