Psaume d’offrande
Chantez avec nous cette première montée dans l’aurore – cette Présentation hardie d’une petite fille du peuple juif :
Ce jaillissement vers le Très-Haut, cette fugue soudaine et droite – comme d’un ballon captif ;
Cette aspiration irrésistible de l’églantine et du chèvrefeuille aux mains blanches – tendus sous la futaie vers les rayons de midi !
Chantez avec nous la fleur de l’herbe – précipitée par son cœur sur les marches du Paradis.
Au dispensateur de la semence – doit répondre une terre sans défaut.
Seigneur, pour exalter jusqu’aux cieux le timide élan de nos collines – Vous avez désiré notre sol où rebondissent les oiseaux.
Vous avez enchaîné Votre Toute-Puissance créatrice – au bon vouloir de l’homme et à l’acquiescement.
Pour Vos fiançailles avec la terre – Vous avez suscité le geste abandonné de la Femme et la parole qui consent
Ce n’est pas que nous soyons tellement sûrs de nous – mais puisque Vous nous greffez, Seigneur, sur Votre tige,
Comme la Vierge enfant qui franchit les saints degrés – sans effroi nous jaillirons vers Vous, et sans vertige.
Le diamant de votre Signal à jamais dans notre pupille est incrusté – Je Vous affronterai, Seigneur, avec mes frères, levant la gerbe de nos mains et de nos rêves,
Malgré l’achoppement de nos pas et les ressacs de notre cœur – sentant Votre force en nous qui nous arrache et nous soulève.
Il grincera des dents celui qui se refuse à Ta miséricorde – et il se mordra les mains et insultera le ciel.
Car il ne s’est pas ouvert à l’Amour plus vaste que l’offense – il a préféré la condamnation sans appel.
Mais nous, sur des clairons d’argent, nous annoncerons Ta Clémence – notre péché a fini de mordre et le voici au fond de nous comme une braise qui s’éteint.
La promesse de Ton Visage nous a précipités sur les marches de l’Offrande – Tes mains de calme lumière nous accueillent dans le saint des saints.
Henry de JULLIOT.
Recueilli dans Notre-Dame des poètes,
anthologie réunie et présentée par Joseph Barbier
(Robert Morel éditeur, 1966).