Un simple soldat
Simple soldat – qui se souciera de moi
Si je viens à mourir,
Qui s’inquiétera de savoir comment et pourquoi j’ai péri,
Et où mon corps est enfoui dans l’argile ?
Ils combleront ma place vide
Avec un autre, aussi hardi et vaillant ;
Et ils m’oublieront, avant même que la pluie d’automne
Ait rafraîchi ma tombe anonyme.
Simple soldat – peu importe
Que j’aie bien accompli mon devoir,
Pris part à d’innombrables combats,
Et sois tombé, en soldat.
Le pays pour lequel je suis mort ne tiendra jamais compte
De mon cas particulier ;
Et l’Histoire ne retiendra pas mes actes
Car elle n’a jamais su mon nom.
Simple soldat – et pourtant je sais
Que lorsque j’entendis l’appel aux armes
Je fus l’un des tout premiers à partir,
Et … que je suis l’un de ceux, nombreux, qui sont tombés :
Mais alors que je gis ici, il est doux de penser
Que mon honneur est sans tache, –
Que je n’ai combattu que pour le bien de mon pays,
Et non pour la gloire ou le profit.
Simple soldat – mais pourtant Celui qui lit
Au travers des apparences du cœur,
Ne considère pas la splendeur des actes,
Mais la manière dont nous accomplissons notre tâche ;
Et lorsqu’Il nous prendra par la main,
Et jugera de notre petite action personnelle,
Il y aura toute une glorieuse troupe de simples soldats
En vainqueurs autour du trône !
Margaret JUNKIN PRESTON.
Recueilli dans La poésie sudiste au temps de la guerre de Sécession,
florilège traduit de l’anglais et présenté par
Christophe DOLBEAU, Éditions Akribeia, 2021.