La moderne Babylone
Le roi Édouard VII vient
d’aviser la direction de l’hô-
pital juif et de l’orphelinat
juif de Norwood qu’il conti-
nuera à exercer le protecto-
rat sur les institutions qu’il
avait accepté de patronner
alors qu’il n’était que prince
de Galles.
C’est la première fois qu’un
prince régnant donne à un
établissement de bienfai-
sance un aussi éclatant
témoignage de sympathie.
(Les journaux.)
Depuis qu’étant prince de Galles
Certaine nuit de saturnales
Édouard mit sa montre au clou,
Il s’est passé la corde au cou,
Étant devenu tributaire
De tous les youpins d’Angleterre :
(Bis) Plaignons-le, car il est captif
Depuis trente ans du peuple juif.
Un usurier a fait fortune
Grâce à cette noce opportune,
La reine ayant fort bien payé
Pour que son enfant fût rayé
Du grand-livre de la Misère.
Mais Édouard ne put se taire.
(Bis) Plaignons-le, car il est captif
Depuis trente ans du peuple juif.
Les grands youpins lui font cortège.
Et, pour leur complaire, il protège
Publiquement leurs hôpitaux ;
Il va souper dans leurs châteaux ;
Leur prodigue cadeaux, caresses
Et tient envers eux ses promesses.
(Bis) Plaignons-le, car il est captif
Depuis trente ans du peuple juif.
Dans la moderne Babylone
Le captif occupe le trône,
Quand dans l’ancienne l’on voyait
L’esclave juif qui travaillait.
La fin des temps doit être proche
Pour qu’un chrétien ainsi s’accroche !
(Bis) Plaignons-le, car il est captif
Depuis trente ans du peuple juif.
14 Mai 1901.
Fernand de JUPILLES,
Échos de ma forêt, 1902.