La cloche
La cloche, que partout l’on aime,
A quelque chose de divin,
Puisqu’elle résout le problème
De consoler le genre humain.
Refrain
Du lever au coucher
Du soleil, cloche, sonne ;
Que ton bronze résonne
Dans notre vieux clocher !
La cloche sonne le baptême
Du roi, du gueux, du chevrier ;
Et tintinnabule de même
Pour le riche et pour l’ouvrier.
La cloche rassemble à la messe
Les fidèles dans le saint lieu,
En leur rappelant la promesse
Qu’ils ont faite de servir Dieu.
La cloche annonce un mariage,
Un baptême, un enterrement,
Car elle signale, au village,
Le plus petit évènement.
La cloche, triste, psalmodie,
Tintant le lugubre tocsin,
Pour réunir à l’incendie
Le peuple épars dans le lointain.
La cloche appelle à son ouvrage
L’humble ouvrier dans les chantiers ;
Pendant la guerre, elle encourage
L’intrépidité des guerriers.
La cloche, lorsque la tempête
Vient menacer le bâtiment,
Avec l’écho des mers répète
Les ordres du commandement.
La cloche avait ses gentilshommes
Et sa noblesse, au bon vieux temps ;
Aujourd’hui, la plupart des hommes
Lui demeurent indifférents.
Cloche, mystérieuse amie,
Mon cœur te chérira toujours,
Car, dès l’aurore de ma vie,
Ta voix a béni mes amours.
20 Mai 1901.
(Mis en musique
par Gustave SINCLAIR.)
Fernand de JUPILLES,
Échos de ma forêt, 1902.