Les oiseaux de la Vierge
Dans le Tyrol, les hirondelles
Passent pour des oiseaux bénis
Qui reviennent, toujours fidèles,
Chaque année à leurs anciens nids.
On prétend que ces volatiles,
À qui le peuple fait honneur,
Sont des messagers de bonheur
Qui portent chance à leurs asiles.
Refrain
Voyez là-bas, sous les arceaux
De cette hôtellerie,
Voltiger gaiement les oiseaux
De la Vierge Marie !
Si l’on parle de l’hirondelle,
On rappelle, dans le Tyrol,
Qu’elle était sœur de Philomèle,
Un jour changée en rossignol.
Ainsi, d’une femme méchante,
D’après la fable, on aurait fait
Un oiseau charmant et parfait
Dont la présence nous enchante.
On avouera que c’est là chose
Impossible à d’autres qu’aux dieux
Et que telle métamorphose
Est un acte prodigieux.
Si l’on pouvait en hirondelles
Changer nos épouses ainsi,
Nous n’aurions plus aucun souci :
On n’en verrait plus d’infidèles.
20 Avril 1901.
Fernand de JUPILLES,
Échos de ma forêt, 1902.