Après

 

 

Sur ma tombe laissez, laissez s’ouvrir des roses !

Svelte, dure, une croix se dressera parmi.

Point de date ou de nom : Dieu, ce sublime ami,

Saura seul, corps détruit, la place où tu reposes.

 

Le chant de quelque oiseau, peut-être, aura frémi

Sous l’ombre des cyprès, le long des jours moroses,

Puis viendra le soleil, et la splendeur des choses

Ensevelira bien tout mon être endormi.

 

Mon corps sera poussière, et, dans la nuit muette,

Doucement flottera mon âme de poète.

Ma vie apparaîtra comme un songe envolé.

 

Mais, pure, enlinceulée en une aube opaline,

Le ciel soit morne, gris ou de feux étoile,

L’âme viendra veiller près du corps en ruine.

 

 

 

Sylvane de KERHALVÉ.

 

Paru dans L’Année des poètes en 1894.

 

 

 

 

 

 

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