L’incrédulité et la foi

 

 

 

Un péché mortel ! Qu’est-ce qu’un péché mortel ou une vertu sans tache ? Des mots ! Rien que des mots ! Un bavardage d’échos dans le désert ! Au loin ces illusions ! Tout sur la terre n’est qu’un jeu désordonné du hasard : celui qui s’imagine qu’un Dieu dans sa sagesse a médité le plan du monde, et que des lois immuables nous gouvernent, il ne lui faut qu’un moment pour voir s’évanouir dans l’air la chère fumée de ses visions. Mon existence, à moi, qu’est-ce autre chose que mes pensées ? Que leur courant s’arrête, tout est perdu. Ce qui tombe, doit tomber, et une fois tombé, tout est dit.

– Insensé ! Tes paroles sont entendues d’une oreille que tu crois sourde. Le ciel, que tu nies, est sur ta tête, regarde-le ! Est-ce bien dans son temple que tu oses nier le pouvoir de Dieu ? Regarde autour de toi. Vois ces emblèmes innombrables qui se pressent sur son éternel autel. Explique-nous d’où vient la splendeur matinale du soleil, d’où vient l’éclat de tous ces mondes qui défient le calcul, dont l’or radieux fourmille dans les mines nocturnes du firmament. Traduis-nous, si tu peux, le roulement du tonnerre, la douce et suave mélodie du rossignol, la voix du tremblement de terre ou du feuillage qui frissonne. Interprète la poussière où rampe le ver, et la tienne, soit qu’elle tende à descendre ou aspire à monter : et si tu ne peux, tremble et agenouille-toi devant le plus humble brin d’herbe qu’ait façonné la puissance divine. Cela vaut mieux que de vouloir juger les lois de ce miraculeux univers, où tu ne cherches qu’à doubler la mort par le néant.

 

 

August KLINGEMANN.

 

Traduit de l’allemand par Jules Le Fèvre-Deumier.

 

Paru dans Leçons de littérature allemande,

Jules Le Fèvre-Deumier.

 

 

 

 

 

 

 

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