Paraphrase sur le premier psaume de David

 

 

Bienheureux qui s’abstient du conseil des iniques,

Qui sage ne suit point leurs sentiers plutoniques,

Qui ne sied avec eux en leurs sièges pestés.

Mais qui ses volontés range aux lois éternelles,

Qui discourt du Seigneur les décrets attestés,

Sous l’un et l’autre jour de célestes prunelles.

 

Il sera tel qu’on voit sur le moite rivage

D’un ruisseau doux-coulant à couvert du ravage

Des bruyants aquilons un arbre toujours vert,

Que le lion ne sèche aux plus chaudes journées,

Que l’Arcture n’effeuille, et qui paraît couvert

De son fruit dès qu’il sent les saisons retournées.

 

Ainsi Dieu bénira du juste les services :

Mais celui qui se vautre en la bourbe des vices,

Qui méprise le Ciel, n’atteindra pas ce bien.

Il sera comme au vent la poussière menue,

Et le mercure au feu, qui s’envolent en rien,

Et comme la vapeur qui se perd dans la nue.

 

À ce grand dernier jour, qui jugera le monde,

Son âme criminelle et sa dépouille immonde

Se musseront aux yeux du juge criminel,

Et n’approcheront point des blanches colombelles

Échues en partage à ce juge Éternel

Qui perdra des méchants les escadres rebelles.

 

 

 

Jean de LA CEPPÈDE.

 

Recueilli dans Anthologie religieuse des poètes français,

t. I, 1500-1650, choix, présentation et notes d’Ivan Gobry,

Le Fennec éditeur, 1994.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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