Ô royauté tragique
Ô Royauté tragique ! ô vestement infame !
Ô poignant Diademe ! ô Sceptre rigoureux !
Ô belle, et chere teste ! ô l’amour de mon ame !
Ô mon Christ seul fidele, et parfait amoureux.
On vous frappe, ô sainct chef, et ces coups douloureux
Font que vostre Couronne en cent lieux vous r’entame.
Bourreaux assenez-le d’une tranchante lame,
Et versez tout à coup ce pourpre genereux.
Faut-il pour une mort qu’il en souffre dix mille ?
He ! voyez que le sang, qui de son chef distille
Ses pruneles détrempe, et rend leur jour affreux.
Ce pur sang, ce Nectar, prophané se mélange
À vos sales crachats, dont la sanglante fange
Change ce beau visage en celuy d’un lepreux.
Jean de LA CEPPÈDE.
Recueilli dans La poésie mystique,
Jean Mambrino, Seghers, 1973.