Cantique à Notre-Dame
Obtiens notre grâce,
Implorante face,
Vierge qui effaces,
Mère de l’Agneau ;
Qui effaces, laves
Nos péchés, et braves
La vivante entrave
Aux souples anneaux.
Châsse sans dorure,
Reine sans parure
Qui dans l’aube pure
Prit son vêtement :
Et qui va sans suite,
Et met seule en fuite
Les hordes maudites
D’un regard clément.
Ô dans la musique
Du jardin biblique,
Passante mystique
Qui ne pèse pas...
Ô couronne blanche,
Ô beau front qui penche,
Que les lourdes branches
Exaltent tout bas !
Parmi la tempête
Qui monte muette,
Soyez la mouette
Qu’on voit sur les flots ;
Ou la blanche voile,
Ou l’errante étoile
Déchirant le voile
Qui dort sur les eaux.
Voyez nos faiblesses,
Sauvez-nous des haines
Du désir qui blesse
Et mouille vos yeux ;
Laissez sur nos peines,
Claire souveraine,
Descendre la traîne
Du long manteau bleu.
Soyons vos vendanges,
Et parmi nos fanges
Envoyez vos anges,
Et qu’ils soient présents
À l’heure où défaille
Notre âme qu’assaille
De ses représailles,
Le désir latent.
Ô Vous, seule élue
Qu’au plus haut des nues
Chaque jour salue
Le chœur éternel ;
Priante Marie,
Fleur de lin cueillie
– En quelles prairies ?...
Pour parer le Ciel !
André LAFON.
Recueilli dans Rosa mystica :
Les poètes de la Vierge,
du XVe au XXe siècle, s. d.