Laisse ta peine en pleurs

 

 

                                                         À François Le Grix.

 

 

Laisse ta peine en pleurs au foyer et va-t’en

Au delà de l’enclos et sur le chemin même ;

C’est là que tu verras d’autres pauvres plus blêmes

Et celui-là dont le fardeau si lourd t’attend.

 

Celui qui s’est assis au bas de la montée

Et qui, seul, ne pourrait jamais avant la nuit

Gagner le bourg encor lointain : Va près de lui,

Prends son bras douloureux et chante au long des haies...

Quand l’ombre descendrait toute sur la contrée,

Ne crains pas ; mon esprit sûrement te conduit.

 

Et tu le sentiras lorsque la tâche faite,

Dans l’oubli de toi-même ayant vécu ce jour,

Tu trouveras ma maison vide à ton retour,

Et ton cœur débordant d’une ardeur si complète

Que, pour me la crier, il faudra que je prête

À ta lèvre, les mots brûlants de mon amour.

 

 

 

André LAFON, Poèmes, Temps présent.

 

 

 

 

 

 

 

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