Les étoiles
Symboles chéris de ma flamme,
Je puis donc enfin vous revoir !
Les plus douces voix de mon âme,
Vous allez donc les émouvoir !
Ah ! quelle volupté pure !
Comme dans leur azur, mes yeux,
Votre âme étincelle et s’épure
Dans l’azur velouté des cieux !
De mon cœur la lueur pieuse
Devant vos célestes lueurs
Jaillit comme vous radieuse,
Et vous dit : « Aimez-moi, mes sœurs !
« Tendez-moi votre main propice
« Pour me relever jusqu’à vous ;
« Que votre éclat pur m’avertisse
« De mon éclat futur et doux ! »
Votre âme aussi jouit et brille,
Yeux purs, vous scintillez d’espoir,
Comme une paupière vacille
Quand le bonheur vient la revoir !
Étoiles, mes sœurs radieuses !
Leur pieux et tremblant émoi,
Vous, voix du ciel mélodieuses,
Et vous, voix que j’entends en moi !
Nuit douce ! céleste nature !
Mobile et pieuse lueur !
Brise, fraîcheur, belle nature !
Oh ! qu’il est pur votre bonheur !
Oh ! prêtez, prêtez-moi vos ailes,
Que m’envolant à ces purs cieux,
Mon œil des clartés éternelles
Contemple enfin l’éclat pieux !
Ou, mêlez votre âme à mon âme
Au moins, dans votre pure nuit,
Que votre doux regard enflamme
Le regard doux qu’il éblouit !
Victor LAGRANGE,
Cinq nouvelles harmonies poétiques et religieuses,
dédiées à M. de Lamartine, 1833.