Quand les lampes sont allumées
Quand les lampes sont allumées,
Que les fumées
Montent dans le noir,
On se sent l’âme heureuse
Et pieuse,
Le soir...
Ceux qui s’aiment, s’aiment davantage...
La grâce du visage
Cher
Devient plus grande encore ;
Et sur les fronts, on voit l’aurore
Ou l’éclair...
Mais aussi les deuils se rallument,
Et les cendres éteintes fument
Au noir foyer du cœur ;
La lèvre, encore inassouvie,
Sent du calice de la vie
Monter l’âcre et vieille liqueur !...
Et ceux pour qui la vie est lourde,
Ceux, hélas ! dont la main est gourde,
Dont le pied saigne à chaque pas,
Seigneur, tous ceux dont l’âme pleure,
Ceux-là rêvent à Ta demeure,
Où la lampe ne s’éteint pas...
Ceux dont les yeux sont pleins de larmes,
Et le cœur lourd d’alarmes,
Rêvent aux jours éblouissants
Où, sous la lampe lumineuse,
Dans Ta Demeure bienheureuse,
Ils s’assoiront près des absents !...
Quand les lampes sont allumées,
Que les fumées
Montent dans le noir,
Seigneur, mon âme douloureuse
Rêve à Ta Maison bienheureuse,
Le soir !...
Blanche LAMONTAGNE.