La mère
Dès qu’un petit enfant ici-bas prend naissance
Le Seigneur, pour garder son âme des douleurs
Et pour lui conserver sa touchante innocence,
Le confie à deux protecteurs.
L’un, c’est l’ange gardien, et l’autre, c’est la mère.
Pour Elle, son enfant, c’est le soleil qui luit,
Ce sont les fleurs, les champs, l’air, c’est toute la terre,
Elle ne rêve que par lui.
C’est son unique bien, son corps, son cœur, son âme ;
Elle lui donne tout, ses plaisirs, sa santé,
Sa jeunesse, ses soins, et ses fiertés de femme,
Son amour, jusqu’à sa beauté.
Plus tard, lorsqu’il grandit, qu’il longe cette route
De ronces hérissée et pleine de dangers,
Ce sentier de l’amour qu’on désire et redoute,
Quand seul, au milieu d’étrangers,
Son pauvre et tendre cœur, sans qu’on y remédie,
Par le chagrin miné, court en se meurtrissant,
La mère fait, heureuse, une fleur pour sa vie
De chaque goutte de son sang.
Jacques LANDAU.
Paru dans L’Année des poètes en 1894.