Bref chant chrétien poétique
Le vent sur les routes vides
déploie ses ailes amplement,
et va s’engouffrer dément
dans la crèche de Bethléem ;
il grogne et marmonne encore
le messager volant d’hiver,
et pince les membres et la chair
au Dieu qui vient de se faire homme.
Ah, laisse là tes mugissements,
calme-toi donc vent méchant,
cesse ces froids sifflements,
épargne le bel enfant !
Va plutôt cogner tes ailes
dans l’eau furieuse des mers.
Dépense-là ta véhémence,
mais ne reviens pas ici.
*
Après moi je veux léguer,
Dans mon testament,
À la louange de Dieu,
Un bref et merveilleux chant
Qu’il me plaira d’entendre encore,
Bien que je sois déjà mort :
D’autres encore le chanteront
Quand moi je n’y serai plus.
Friedrich Spee von LANGENFELD.
Recueilli dans Anthologie bilingue
de la poésie allemande,
Gallimard, 1993.