Le petit mort

 

 

L’ange noir avait passé. Cependant

L’enfant conservait sa figure fraîche

Et semblait sourire en nous regardant.

On eût dit Jésus dormant dans sa crèche.

 

Pâle, il n’avait plus ce beau teint de pêche

Que dore en la treille un soleil ardent ;

Sa bouche, où la mort mettait une brèche,

Laissait entrevoir sa première dent.

 

Résistant au coup affreux qui la navre,

Sa mère debout veillait le cadavre

Par un héroïque et sublime effort.

 

Et nous, en secret, te portions envie,

Petit ami mort ignorant la vie,

Mort sans te douter de ce qu’est la mort.

 

 

 

Xavier de LA PERRAUDIÈRE.

 

Paru dans L’Année des poètes en 1896.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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