Heures cruelles

 

 

Si l’on se sent, la nuit, les nerfs à fleur de peau

La solitude effraie et le sommeil s’attarde.

On voudrait être alors, hibou, chouette ou crapaud,

Que la lune, d’un œil large et clément, regarde.

 

Pourtant, plaignons ceux qui jamais n’ont su vibrer ;

Plaignons ceux qui n’ont pas de cœur sous l’ossature.

Pour être digne de mourir, il faut pleurer ;

Car la souffrance est un bienfait de la nature.

 

Mais le fardeau du jour suffit à nos malheurs,

Mon Dieu, laisse dormir l’homme sur ses douleurs,

Quand la terre, lassée et chaude, devient grise.

 

Si l’on se sent, la nuit, les nerfs à fleur de peau,

Le sommeil s’attardant, le courage se brise,

On voudrait être alors hibou, chouette ou crapaud.

 

 

 

J.-A. LAPOINTE.

 

Recueilli dans Les soirées de l’École littéraire de Montréal, 1925.

 

 

 

 

 

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