Voix indulgentes
Jeune homme, les vieillards que ton mépris accable
Ne te maudiront pas parce qu’ils ont souffert.
Parce qu’ils ont pleuré sur la route implacable,
Parce qu’ils sont plus près du ciel que de l’enfer.
Jeune homme, les vieillards ont dans la chevelure
Le reflet du pardon, la clarté de la mort,
Et ce que tu crois voir dans leur tremblante allure,
Ce n’est pas la frayeur honteuse du remord.
Jeune homme, les vieillards ont péché. C’est la vie.
Ils ont connu l’orgueil, ils ont connu l’envie.
Ils ont connu le mal d’aimer et de penser.
Jeune homme, moins que toi Dieu leur sera sévère
À ces vieillards montés au sommet du Calvaire.
Fais ton chemin de croix, si tu peux, sans glisser.
J.-A. LAPOINTE.
Recueilli dans Les soirées de l’École littéraire de Montréal, 1925.