Sonnet mystique

 

 

C’est le soir. Ta journée a donc été bien dure,

Ô Christ ! que tu t’assieds aux portes du hameau.

Le vent de Samarie adoucit son murmure

Et du vieux sycomore incline le rameau.

 

Près du puits de Sichem, qu’attends-tu ? Le chameau

S’en est venu déjà de la maigre pâture,

Et seul, dans le désert, le bruit d’un chalumeau

Indique des bergers la marche lente et sûre.

 

Mais voici que, hâtée, et l’amphore à la main,

Une femme s’avance au détour du chemin,

Bientôt posant son vase empli sur la margelle.

 

À te désaltérer tu lui demanderas,

Et pour cette eau mortelle, ô Christ ! toi tu rendras

Un breuvage de grâce et de vie éternelle.

 

 

 

Marquise de LAQUEUILLE.

 

Paru dans L’Année des poètes en 1896.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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