La réponse
Mère, au pied de la Croix, vous donnez la réponse à votre Fils ;
Vous la donnez entière, sans restriction. Vous participez,
Comme votre Jésus le demanda, dans son dernier baiser.
Votre corps s’épuise par les souffrances du Fils de votre sang.
Pour l’exemple de tous les siècles, vous trouvez une force surhumaine.
Vous répondez debout !
Pourtant, Mère, vous agonisez trois heures, avec le Christ.
Votre cœur maternel connaît toutes les angoisses nécessaires à l’œuvre de la croix.
Ce peuple qui vous fait mourir ainsi tous deux, comment l’aimer encore ?
Et vous tenez vos mains crispées sur la bouche silencieuse.
La vraie participation exige la souffrance muette ; le peuple déteste les plaintes ;
Les plaintes de ceux qui se meurent à son service.
Et comment n’aimeriez-vous pas ce peuple ? Jésus meurt pour lui et Il vous le donne,
Dans la personne de Jean. Il vous le confie, comme fait une mère agonisante,
De ses petits enfants qu’elle veut placer entre des mains sûres.
Le Christ vous confie ses enfants, c’est le premier acte de l’apostolat féminin ;
C’est le premier baiser de l’apostolat que vous donnez à Jean, pleurant entre vos bras.
La réponse de votre cœur capable d’un amour infini, à cause de la douleur infinie.
Et votre Jésus, heureux de la Réponse, murmure : « Tout est consommé ! »
Mère, plus tard, Jean, dans le Cénacle, vous donnera votre Fils, par l’Hostie.
Ainsi, le Christ se donne, par ses enfants souffrants, à ceux qui les reçoivent entre leurs bras.
Jeanne L’ARCHEVÊQUE-DUGUAY, Cantilènes.
Paru dans Notre-Dame de Lyre :
L’hommage des poètes canadiens-français,
anthologie réalisée par Sœur Paul-Émile
et éditée par les Sœurs grises de la Croix,
à Ottawa, en 1939.