Sur une rose
Sur le miroir brillant d’une claire fontaine,
Une rose inclinait son carmin velouté,
Pendant que la fraîcheur de la source prochaine
Sur le bord du chemin conservait sa beauté.
Tous les oiseaux du ciel dans leur élan rapide
Sur la branche, près d’elle, aimaient à se percher
Et l’homme qui passait près de l’onde limpide
De ce riant tableau ne pouvait s’arracher.
Mais un jour, le soleil et l’aquilon stérile
Du bassin de cristal desséchèrent les eaux.
Alors le frais rosier cessant d’être fertile,
La rose se flétrit et ne vit plus d’oiseaux.
Ainsi le cœur de l’homme est une fraîche rose
Vivant au bord des eaux du saint et pur amour
Et qui, pour rester belle, a besoin d’une chose :
Voir l’amour, en ce cœur, croître de jour en jour.
Mais hélas ! quand le vent des passions l’agite,
Lorsqu’il brûle des feux d’un amour étranger,
Comme un rosier sans eau l’amour vrai se meurt vite
Et le bonheur s’enfuit comme l’oiseau léger.
Ô vous donc, qui voulez votre cœur plein de flamme,
Vous qui cherchez la joie et l’amour en tout lieu,
Aimez, mais que ce feu qui brûle dans votre âme,
Dans tout ce qu’il embrase, ait pour principe Dieu.
Antonia LAROCHE.
Paru dans Fleurs d’or en 1914.