L’île seule
Quelle île régit ta tristesse d’eau longue,
Femme ruisselante de solitude inabordable,
solitude incréée en lieu de maternité ;
tu ne peux t’arracher à l’ancrage de tes genoux,
Dieu t’a rattachée à ses plaies de pierre
et tu équilibres l’amour avorté dans la mort...
Nous errons comme la mer, par divin mécontentement,
– vanité solitaire d’aimer en vain un amour –
reconnais cette île bleue sous nos paupières
et rends-nous, Marie, regard pour regard.
Rina LASNIER, Les Signes,
Éditions HMH, 1976.
Recueilli dans Les Gens du fleuve,
poèmes réunis par Victor-Lévy Beaulieu
et Philippe Couture,
Stanké, 1993.