Hymne à l’Éternel
Être infini, source première,
Suprême auteur de l’univers !
Ô toi que, sous des noms divers,
Adore la nature entière !
Permets qu’en ce jour solennel,
Au son brillant de la trompette,
La reconnaissance répète :
Gloire à jamais à l’Éternel !
Ta prudence universelle,
Embrasse la terre et les cieux :
Être invisible à tous nos yeux,
La bienfaisance te décèle :
La raison et la vérité
S’unissent en vain pour te peindre,
Leurs flambeaux sont près de s’éteindre
Dans la nuit de l’éternité.
Quel art dans la voûte azurée,
Suspendit ces mondes nombreux ?
Quel pouvoir les retient entre eux,
Dans une harmonie assurée ?
Qui sépara la nuit du jour ?
Qui rendit la terre féconde ?
Est-il un cœur qui ne réponde :
Dieu, sa puissance et son amour ?
Quels biens cet amour nous présage !
Des êtres créés par tes mains
Tu distingues les seuls humains :
Pour nous, la vie est un passage ;
Oui, tu veux que l’humanité,
Si la vertu lui sert de guide,
Après une course rapide,
Arrive à l’immortalité.
Dans tous les biens qu’il nous dispense,
L’Éternel marque sa grandeur ;
Vérité, justice et candeur,
Vous resteriez sans récompense !....
Contre ce blasphème imposteur
S’il retient encor sa vengeance,
Athée impur ! que l’indulgence
T’annonce au moins ton créateur.
Dieu bienfaisant ! plus tu pardonnes,
Plus le crime t’ose outrager !...
Ah ! notre ardeur à te venger
Fait croire que tu nous la donnes....
Reçois dans ton sein paternel,
Ce vœu de toute la nature :
Guerre à l’orgueil, à l’imposture ;
Gloire à jamais à l’Éternel.
Pierre LAUJON.
Recueilli dans
Choix de poésies religieuses
et morales, 1837.