NOSTALGIE
« Mon pays sera mes amours
Toujours »
CHATEAUBRIAND.
OH ! combien j’aime les collines
Du village où j’ai vu le jour !
Monts ombragés, vertes ravines,
Je vous garderai mon amour !
Que j’aime vos fleurs odorantes
Et le doux chant de vos oiseaux !
Que j’aime les eaux transparentes
De vos harmonieux ruisseaux !
Que j’aime l’hirondelle agile
Qui de son aile fend les airs
Et construit sa maison d’argile
Sous nos toits de chaume couverts !
Il me semble que les étoiles
Avaient là-bas plus doux rayon ;
Que les nuits n’avaient point de voiles,
Que tout riait à l’horizon.
Quand au ciel mourait la lumière,
Dans la brume j’aimais à voir
Le gai troupeau que la bergère
Menait, joyeuse, à l’abreuvoir.
J’aimais la paix silencieuse
Du temple où Jésus vit toujours,
Où, chaque soir, l’âme pieuse
Épanche ses chastes amours ;
Et, plus loin, l’humble cimetière
Bordé de hauts cyprès en deuil
Où, des larmes sous ma paupière,
J’ai vu passer plus d’un cercueil !
Ô pays cher à ma tendresse,
Sois toujours dans mon souvenir :
Un jour console ma vieillesse !
Où je naquis je veux mourir !...
Joseph LAU.
Paru dans La Sylphide en 1898.