À maman
Quand j’étais tout petit enfant,
Tout blanc, tout rose,
Maman me berçait en chantant !
À chaque pause
Elle m’embrassait longuement,
Ma maman !
Alors, j’ouvrais mes deux grands yeux
Sur son visage
Afin de conserver en eux
Sa douce image.
Aussi, la vois-je à tout moment,
Ma maman !
Elle avait mis dans mon berceau
Plein des poupées,
Des rêves d’or, et pour manteau
Des fleurs coupées,
Puis, tout son cœur pour talisman...
Ma maman !
Las ! sa voix chante en moi toujours,
Toujours berceuse !
Selon la couleur de mes jours
Triste ou rieuse,
J’entends, mystérieusement,
Ma maman !
Et quand je vois dans le ciel bleu
Des paysages,
Et des palais, je crois un peu
Qu’en ces nuages
Vit, dans la paix du firmament,
Ma maman !
Paul LAUR.
Paru dans L’Année poétique en 1906.