La marée

 

 

Le soir étant venu, le Christ voulut rejoindre

Ses amis, dont la barque était loin sur la mer.

Il marcha sur les flots vers ce qu’on voyait poindre

Des feux de Bethsaïde au fond du golfe clair.

 

Son long vêtement blanc ruisselait de lumière ;

On eût dit que son front aux étoiles touchait ;

Et sous ses pieds meurtris, que baisait l’onde amère,

Le vent, comme un tapis, mollement se couchait.

 

La mer, sur les galets où perlait son écume,

Éclairait de saphirs la route du Sauveur,

Et jetait sa chanson radieuse en la brume,

Où passa rayonnant le céleste rêveur.

 

Mais, las ! depuis ce temps, la mer, triste, effarée,

S’épuise sur la grève en regrets superflus,

Et pleure, avec le vent qui roule la marée,

Le voyageur divin qui ne reviendra plus.

 

 

 

Paul LAUR.

 

Paru dans L’Année des poètes en 1896.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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