Calvaire
Jardin religieux où les buis sont si beaux,
Et les cèdres, et l’olivier
Ombrageant d’un chanoine ou deux les vieux tombeaux,
Où tu pleures sur le gravier
En ce Vendredi-Saint qui ne veut qu’être bleu,
Jeune arbre charmant de Judée !
La Croix là-haut s’érige avec le Fils de Dieu.
Au vent tiède c’est une ondée
De roses fleurs ensanglantant soudain le buis ;
Mais, suave, un parfum m’attire,
Celui du violier, meilleur que ceux du lys.
Vienne l’heure où le Christ expire,
Dans ce parfum je veux ne plus penser à rien
Qu’au cruel amour, à la mort ;
Peut-être à dérober au somnolent gardien
L’anémone de pourpre et d’or.
Jean LEBRAU.
Recueilli dans Louis Chaigne,
L’anthologie de la renaissance catholique : Les poètes,
Alsatia, 1938.