Consécration
Aux jours de ma jeunesse ardente et solitaire,
Du fond de mes péchés vous m’attiriez à vous,
Ô Dieu ! dont les desseins sont voilés de mystère.
Partout vous me suiviez comme un amant jaloux ;
Vous faniez pour mon cœur, d’avance, toutes joies ;
Vous me faisiez pâlir des plus amers dégoûts.
Chasseur, vous m’attendiez, déguisé sous mes proies,
Et je marchais, vaincu déjà, dans vos chemins,
Quand je croyais errer encore dans mes voies.
À présent me voilà tout entier dans vos mains ;
Vous m’avez rajeuni pour votre œuvre future,
En trompant les calculs et les pensers humains,
J’ai traversé l’angoisse et connu la torture,
Seigneur, mais votre force a chaque fois dompté
Les émois qui troublaient ma fragile nature.
Et maintenant, soldat de votre volonté,
Âme en qui, par torrents, vos grâces sont venues,
Dans le renoncement trouvant ma volupté,
Plein d’espoir je m’en vais vers des croix inconnues.
Louis LE CARDONNEL, Poèmes.