À Saint Michel Archange

 

 

Terrible Capitaine aux batailles du Ciel,

Je voudrais, en des vers résonnants et suaves,

Te chanter dans la gloire où tu vis, Michaël.

 

Un seul de tes regards tient les Démons esclaves

Et leur Prince, en grinçant, songe au combat lointain,

Où tu le terrassas avec tes Anges braves.

 

Oui, le premier des fils de l’éternel Matin,

Qui visitent parfois nos dolentes vallées,

Aussi prompt que l’éclair tu frappas le Hautain !

 

On entendit gémir les plaines constellées ;

Et les gouffres d’En-Haut furent émus longtemps

D’un retentissement d’angéliques mêlées.

 

Les ascètes pâlis, les chastes habitants

Du désert, où s’enfuit l’Humilité sublime,

Dans leurs tentations l’appellent haletants.

 

Et toi, connaissant bien quel Impur les opprime,

Pour qu’il retombe au fond de l’abyssale nuit,

Tu descends tout à coup du glorieux Abîme.

 

Autant que le soleil ta jeune face luit ;

Tes bras sont éclatants d’adolescence pure ;

Un parfum d’ambroisie immortelle te suit.

 

C’est d’un or inconnu qu’est faite ton armure ;

Tes ailes, dans l’azur battent, et, dans ta main,

Trempée au feu céleste, une lance fulgure !

 

Tu changeas, la touchant d’un glaive surhumain,

En guerrière sans peur la pastourelle Jeanne,

Qui t’aperçut toujours au bord de son chemin...

 

Que sur nous, Michaël, ton influence plane.

Renverse les desseins des mécréants, si Dieu

Se souvient de la France et s’il ne la condamne,

 

Car elle a mal gardé son magnanime vœu,

Aux pieds du Seigneur Christ, dont la poitrine ouverte,

Fait ruisseler sur nous la tendresse et le feu...

 

C’est toi que les Martyrs, de qui la vie offerte

S’écoule avec leur sang aux luttes de la Foi,

Aperçoivent, tendant la palme à jamais verte.

 

Le blanc Vieillard de Rome est défendu par toi

Archange Michaël, toujours ta vigilance

Demeure armée, au seuil de la divine Loi.

 

Ah ! quand viendra la mort nous faire violence,

Écarte de nos fronts les épouvantements,

Par l’épée invincible ou l’infrangible lance.

 

Et tous, après l’angoisse et les justes tourments,

Conduis-nous, au sortir de la prison de flamme,

Vers Celui devant qui tremblent les firmaments.

 

Et pour moi, Michaël, demande que mon âme

Soit toujours plus vibrante au nom de Jésus-Christ ;

Que j’annonce les cieux promis, que je les clame !

 

Et que j’aille, embrasé du zèle de l’Esprit,

Menaçant les pervers de l’implacable verge,

Détestant comme toi tout ce que Dieu proscrit,

 

Impérieux Archange, au visage de vierge.

 

 

 

Louis LE CARDONNEL, Carmina sacra.

 

 

 

 

 

 

 

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