Marie, rose mystique

 

 

Ah ! de sa tige d’or quand cette fleur du ciel

Tomba pour embaumer les vallons d’Israël,

Que les vents étaient doux qui passaient dans les nues !

Tu vis naître, ô Saron, des roses inconnues !

Tes palmiers, ô Gades, émus d’un souffle pur,

Bercèrent, rajeunis, leurs palmes dans l’azur !

Ton cèdre, ô vieux Liban, noir d’une ombre profonde

Croyant qu’il revoyait les premiers jours du monde,

Salua le soleil qui brilla sur l’Éden !

Le parfum oublié de l’antique jardin,

Comme un cher souvenir et comme une promesse,

Des enfants de l’exil adoucit la tristesse,

Et de célestes voix, en chants harmonieux,

Dirent ton nom, Marie, à l’univers joyeux.

 

Terre ! oublie en un jour ton antique détresse !

Ô cieux ! comme les mers palpitez d’allégresse !

La Vierge bienheureuse est née au sein de Dieu !

Elle vole aux clartés de l’arc en ciel en feu,

La colombe qui porte à l’arche du refuge

Le rameau d’olivier qui survit au déluge !

Le mystique rosier va parfumer les airs !

L’étoile matinale illumine les mers.

Saluez, bénissez, créatures sans nombre,

Celle que le Très Haut doit couvrir de son ombre,

Et qui devra porter, Vierge, en ses flancs bénis,

Le Dieu qui précéda les siècles infinis.

 

 

 

Charles-Marie LECONTE DE LISLE.

 

Recueilli dans Florilège de Notre-Dame,

textes réunis par Renée Zeller,

Éditions de l’Arc, 1947.

 

 

 

 

 

 

 

 

www.biblisem.net