Ô parfaite Unité...

 

 

Ô parfaite Unité qui te peut limiter ?

Ô parfaite Unité qui te peut imiter ?

Ainsi que la lumière est plus digne que l’ombre,

Ainsi est l’Unité plus digne que le Nombre.

Et comme est tout le Temps clos de l’Éternité,

Ainsi est tout le Nombre enclos dans l’Unité.

De tous les merveilleux, n’est-il, l’Un, la merveille,

Qui son contraire unit et l’impair appareille ?

Ce qui en plusieurs parts se divise et résout

Par la force de l’Un est unique en son tout.

Ce qui par accidents a nom de multitude

Revient par le sujet à l’Un et solitude.

L’Un est de soi, et en soi retourné,

L’Un orne toute chose, et de nul est orné.

Bref l’Un est sa racine, et se nomme soi-même

L’Un son Carré, son Cube, et sa règle suprême.

 

À nos membres un cœur, aux Astres le Soleil,

L’un nos membres mouvant, l’autre du Monde l’œil.

Un Cercle entre les plans est ma Figure élue,

Unique aux profonds corps la Sphère révolue.

Et tout le Monde est un, et s’il en était deux,

Monde il ne serait plus, mais difforme et hideux...

Enfin l’Un est sans fin, l’Éternité unie,

Une la Déité, éternelle, infinie.

Sonne donc l’Un partout notre Lyre étoffée,

Que l’Un nous guide tous, comme l’Un guide Orphée.

 

 

 

Guy LE FÈVRE DE LA BODERIE (France – XVIe),

L’Encyclie des secrets de l’éternité.

 

Recueilli dans Dieu et ses poètes, par Pierre Haïat,

Desclée de Brouwer, 1987.

 

 

 

 

 

 

 

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