Dolorosa

 

 

Dolorosa ! Pourquoi ton étrange harmonie,

Triste comme une fleur jaune de mimosa,

M’a-t-elle étreint le cœur des affres d’agonie,

Quand j’écoutais tes sons pleurants : « Dolorosa ? »

 

Serait-il, dans ce mot de brume et de mystère,

Je ne sais quoi d’humain dont mon cœur a frémi,

Une note qui sonne en l’âme solitaire,

Y réveillant l’écho de douleur endormi ?

 

Comme le Jeudi saint où les cloches s’envolent,

Tes voyelles ont des frissons d’agonisants,

L’accent plaintif et doux d’oiseaux qui se désolent,

Et le râle des flots qui battent les brisants.

 

Dolorosa ! Je vois se dresser au Calvaire

La croix du Dieu qui meurt pour notre humanité,

Et j’entends les sanglots farouches de la terre,

Depuis l’éternité jusqu’à l’éternité !

 

 

 

Camille LÉGER.

 

Paru dans L’Année des poètes en 1891.

 

 

 

 

 

 

 

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