Noël virois
Les honnêtes gens de Vire
Ceste nuit allaient jadis
En troupe chanter et dire
Canticques chez leurs amis.
Mais par la chiche avarice,
Les bourgeois de qualité,
Ont ce dévot exercice
Aux petits enfans quitté.
Le vieil temps nous voulons suyvre,
Pour l’amour de cet enfant,
De ce Dieu qui fait revivre
Nostre salut en naissant.
Ce n’est point ce qui nous meine,
Que vostre argent et vos biens ;
Nous ne vendons nostre peine
Jamais aux honnêtes gens.
Nous venons pour vous semondre
De louer cil qui pour nous
Vers son père vint répondre,
Eu appaisant son courroux.
Oh ! que la trouppe bergère
Eust d’heur en le visitant ;
Et la pucelle sa mère,
De joie en le baizottant.
Que n’étions-nous en vie,
Aurions d’un pas léger,
Comme les rois d’Arabie,
Couru là pour l’hommager.
Ores, que nous faut-il faire ?
– Si d’un cœur obséquieux,
Nous tâchons de lui complaire
Nous le pourrons voir aux cieux.
Jean LE HOUX,
Les Noëls virois, 1862.