Jésus apaisant les flots de la mer

 

 

Le vent mugit, la mer ne connaît plus de frein ;

Les disciples voudraient encor braver l’orage,

Mais l’horrible tempête a glacé leur courage,

Et Jésus dort en paix, le front calme et serein.

 

Ô Maître, éveillez-vous ! nous luttons, mais en vain !

La barque va sombrer, gardez-nous d’un naufrage !

Le Christ étend la main sur les flots qui font rage

Et dit : « Mer, calme-toi ! Vents, taisez-vous soudain ! »

 

Et l’aquilon se tait, et l’onde recueillie

Berce le frêle esquif sur sa lame assouplie,

Et la foudre aussitôt apaise son courroux.

 

Sur l’océan du monde, où le devoir s’oublie,

Puisse Dieu, s’éveillant, lorsque la barque plie,

Aux vents des passions dire aussi : « Taisez-vous ! »

 

 

 

Jules LEMAIRE.

 

Paru dans L’Année des poètes en 1895.

 

 

 

 

 

 

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