L’âme chrétienne

 

 

De célestes hymens l’ont donnée à la terre.

Elle va, depuis lors, vers les hommes qu’altère

            L’amour saint de la vérité.

Sa science n’est pas une flottante épave ;

Elle brise les fers et relève l’esclave.

            Sa force est dans la charité.

 

D’une aile ensoleillée elle monte aux cieux calmes,

Elle a l’arome doux, et le doux chant des palmes

            Que bercent nos pins toujours verts ;

Elle a le feu soudain de nos vastes prairies ;

Elle a la chasteté des blanches draperies

            Dont s’enveloppent nos hivers.

 

Comme une mer farouche elle crache l’écume,

Et, comme un ciel limpide elle a parfois sa brume,

            Quand le mal ose l’assaillir ;

Mais dans l’ombre qui vient ou l’espoir qui sommeille,

Luit un rayon divin : c’est l’œil de Dieu qui veille

            Et l’empêche de défaillir.

 

Elle ne tremble point aux éclats du tonnerre.

Douce, elle a désarmé plus d’un bras sanguinaire,

            Et lassé d’odieux efforts.

Elle mêle sa voix au chant de la patrie ;

Puis, lorsque vient l’épreuve, elle espère, meurtrie,

            En Celui qui brise les forts.

 

Les peuples à sauver deviennent son domaine.

Comme un coursier sans frein, l’océan la promène

            Des glaciers aux déserts brûlants.

L’opprimé suit au ciel son vol d’heureux augure,

Ah ! tu n’as pas assez, ô terre ! d’envergure

            Pour répondre à ses fiers élans !

 

C’est par elle, qu’un jour, l’homme des bois enterre

Sa haine de la croix et sa hache de guerre ;

            Que les bois ouvrent leur rideau ;

Que le foyer se fonde, et qu’enfin du sol vierge,

Sous un ciel radieux, la moisson d’or émerge

            Au chant de l’homme et de l’oiseau !

 

Quand nous fûmes livrés aux mains d’une autre race,

Comme un fardeau trop lourd dont on se débarrasse,

            Comme un inutile butin,

À nos foyers aimés nous avons, en silence,

Longtemps attendu l’heure où le peuple s’élance,

            Libre et vaillant, vers son destin.

 

Ce long délaissement, le mépris, la jactance,

Ont jeté d’amers deuils sur notre humble existence,

            Nul ne peut ignorer cela ;

Mais sans apostasie, et ni lâches, ni traîtres,

Nous sommes devenus les égaux de nos maîtres,

            Car l’âme chrétienne était là !

 

 

 

Pamphile LEMAY.

 

 

 

 

 

 

 

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