Ultima verba
Mon rêve a ployé l’aile. En l’ombre qui s’étend,
Il est comme un oiseau que le lacet captive.
Malgré des jours nombreux, ma fin semble hâtive ;
Je dis l’adieu suprême à tout ce qui m’entend.
Je suis content de vivre et je mourrai content.
La mort n’est-elle pas une peine fictive ?
J’ai mieux aimé chanter que jeter l’invective.
J’ai souffert, je pardonne, et le pardon m’attend.
Que le souffle d’hiver emporte, avec la feuille,
Mes chants et mes sanglots d’un jour ! Je me recueille
Et je ferme mon cœur aux voix qui l’ont ravi.
Ai-je accompli le bien que toute vie impose ?
Je ne sais. Mais l’espoir en mon âme repose,
Car je sais les bontés du Dieu que j’ai servi.
Pamphile LEMAY, Les Gouttelettes, 1904.